Déposé à la S.A.C.D
DECLARATIONS DE GUERRE
(un beau bouquet de...)
Michel Fustier
(site http://theatre.enfant.free.fr )
PERSONNAGES
Le président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt
Le général Marshall, son chef d'état-major.
L'historien de service, une secrétaire.
- 1 -
L'HISTORIEN DE SERVICE- Nous sommes en août-septembre 1940. C'est la guerre.
Après avoir balayé l'armée française, les Allemands
se sont attaqués à l'Angleterre et ils ont commencé leurs
opérations par d'intenses bombardements aériens sur les grandes
villes industrielles et les terrains d'aviation. Ils sont aussi en train de
rassembler des bateaux à Calais: probablement tenteront-ils en septembre
un débarquement. Churchill supplie le président Roosevelt et les
Etats-Unis de venir à son secours... Roosevelt et son chef d'état-major,
le général Marshall examinent sa demande...
ROOSEVELT - Qu'est-ce que c'est?
UNE SECRETAIRE – Monsieur le président, une lettre de monsieur
Churchill.
ROOSEVELT - Merci... Laissez-moi la lire... (il jette un coup d'œil) Je
vois. Allez prier le général Marshall de venir me trouver.
UNE SECRETAIRE – Il arrive justement...
ROOSEVELT - Général Marshall, vous tombez à point? Je viens
de recevoir une lettre de Churchill...
GENERAL MARSHALL - Nous pouvions nous y attendre. Que se passe-t-il en Angleterre,
que demande-t-il...?
ROOSEVELT - Il nous demande notre aide... Tenez, Lisez vous-même...
GENERAL MARSHALL - Je vois... Il craint un débarquement allemand. Il
nous demande de leur prêter dans l'immédiat quarante ou cinquante
de nos vieux contre-torpilleurs pour protéger leurs côtes. Ils
en ont quelques-uns en chantier, mais qui ne seront livrés que l'année
prochaine...
ROOSEVELT - Naturellement, je suis de tout cœur avec lui... Mais ne sait-il
pas que nous ne pouvons rien faire?
GENERAL MARSHALL - Vraiment rien?
ROOSEVELT – Nous ne sommes pas en guerre, nous!
GENERAL MARSHALL - Il voudrait aussi plusieurs centaines d'avions, de nos modèles
les plus récents, avec du matériel antiaérien et des munitions...
Et aussi de l'acier et d'autres matériaux... je passe sur le détail.
ROOSEVELT - C'est le panier de la ménagère! Mais nous sommes complètement
impuissants.
GENERAL MARSHALL - L'Amérique vraiment impuissante? ...Il dit aussi qu'il
ne le pourra peut-être indéfiniment, mais que pour le moment il
peut payer.
ROOSEVELT - Mais là n'est pas la question. C'est juridiquement que nous
sommes paralysés.
GENERAL MARSHALL - Vous voulez dire le Neutrality act?
ROOSEVELT - Eh oui! Qui nous interdit de faire quoi que ce soit qui pourrait
nous entraîner dans une guerre étrangère.
GENERAL MARSHALL - Vous croyez que... On ne peut pas le tourner, ce Neutrality
act? ...Je veux dire, des juristes... Nous en avons de très subtils.
Ils nous trouveront des arguments...
ROOSEVELT - Peut-être! Mais pour le moment, je ne vois pas comment.
GENERAL MARSHALL - Monsieur le président, quand on le veut vraiment,
il y a toujours un moyen de passer. Les Anglais ont un proverbe: Where there
is a will, there is a way!
ROOSEVELT – Nous ne sommes pas Anglais, mais Américains... Je voudrais
les y voir. En réalité je suis l'homme du monde le plus empêché!
GENERAL MARSHALL - Que voulez-vous dire?
ROOSEVELT - Le problème auquel nous avons à faire face va devenir
mondial, je veux dire la guerre, et je ne donne pas beaucoup de temps avant
que tous nous entrions joyeusement dans la danse.
GENERAL MARSHALL – Vous voyez bien! C'est tout à fait ce que je
pense... Mais nous n'y sommes guère préparés!
ROOSEVELT – Non, nous n'avons pratiquement pas d'armée...
GENERAL MARSHALL - Cent soixante-dix mille hommes et trois tanks expérimentaux.
J'ai reçu ce matin les statistiques.
ROOSEVELT - Je ne vous le fais pas dire... A peine cinq divisions quand les
Allemands en ont deux cents! Que voulez-vous que nous fassions... Monsieur Hitler
a donné le signal du départ... Il a envahi la France, le Danemark
et la Norvège. Mais maintenant que veut-il exactement? L'Angleterre?
Ou l'Europe? Ou la Russie? Ou l'Afrique...? Ou tout à la fois? Ou le
monde...? Avec l'armée qu'il a, lui, il peut faire ce qu'il veut! Quant
à Mussolini, il prétend faire renaître l'Empire romain:
Grèce, Gaule, Afrique: il est preneur de n'importe quoi, pourvu que ce
soit facile et glorieux. Et le Japon de son côté se prépare
à mettre le feu à l'autre partie du monde, sans qu'on puisse deviner
encore si ce sera en Russie ou dans le Pacifique sud qu'il va attaquer... Tous
ces prédateurs...! Et tous, ils peuvent décider ce qu'ils veulent.
Moi, je suis le président des Etats-Unis... le président de la
première puissance économique, mais en face de tous ces messieurs
qui veulent mettre le monde entier sens dessus-dessous, je suis le seul qui
ne puisse pas faire ce qu'il doit faire. Ce que c'est que d'être en démocratie!
GENERAL MARSHALL - Cela n'empêche pas que notre devoir – et notre
intérêt - sont de prendre position.
ROOSEVELT – Je suis bien d'accord. Si nous ne faisons rien, tout ça
va nous retomber dessus. Mais nous avons un parti isolationniste trop influent
pour que je puisse même imaginer d'aller demander au Congrès de
déclarer la guerre à quiconque... Les Américains ont gardé
de la Guerre de 14, où ils ont perdu 50 000 boys, un tellement mauvais
souvenir qu'ils n'ont pas du tout envie de se mêler à nouveau des
affaires du reste du monde. Les isolationnistes sont très puissants et
très bruyants... Mais à force de nous obliger à vouloir
la paix, ils nous ferons perdre la guerre...
GENERAL MARSHALL - Ne soyez pas trop pessimiste. Ils sont, comme tous les bons
Américains, pragmatistes. Quand ils verront que c'est leur intérêt...
ROOSEVELT - Et puis il faut compter aussi, non seulement avec le Neutrality
act, mais avec le Johnson act de 1936 qui nous empêche de prêter
ou d'emprunter de l'argent à quelque pays qui ne nous aurait pas remboursé
les dettes contractées pendant la dernière guerre. Ce qui est
le cas de l'Angleterre.
GENERAL MARSHALL – La guerre de 1914? Il y a vingt-cinq ans... N'est-ce
pas plutôt mesquin?
ROOSEVELT - C'est mesquin. On nous croit grands et généreux, mais...
oui, par certains côtés... nous sommes assez près de nos
sous. C'est vrai!
GENERAL MARSHALL – Cette cinquantaine de ces vieux contre-torpilleurs
dont ils ont envie, nous pourrions cependant nous arranger pour que, par la
bande, nous les leur fassions passer
ROOSEVELT – De quelle façon?
GENERAL MARSHALL – Contre par exemple certains avantages territoriaux.
ROOSEVELT – C'est une idée... Des bases maritimes en échange,
pourquoi pas? Oui, et en plus, ce serait une bonne affaire!
GENERAL MARSHALL - Et pour plus de discrétion, ils pourraient venir en
prendre livraison au Canada...
ROOSEVELT - Oui! S'ils arrivent à les remettre en état. Ce sont
de vieux machins branlants! Bon, d'accord, allons-y... Je le ferai passer. En
attendant nous allons travailler à trouver d'autres solutions. Je vous
reverrai bientôt.
- 2 -
L'HISTORIEN DE SERVICE - Les Allemands n'ont pas réussi. Ils ont bombardé
l'Angleterre, mais ils y ont perdu tellement d'appareils qu'ils vont bientôt
y renoncer... De plus, pendant l'automne et surtout pendant l'hiver, la Manche
sera trop dangereuse pour un débarquement...
ROOSEVELT - Qu'est-ce que c'est?
UNE SECRETAIRE - Monsieur, une nouvelle lettre de monsieur Churchill.
ROOSEVELT - Que demande-t-il cette fois?
UNE SECRETAIRE - Davantage de contre-torpilleurs, une centaine si c'est possible,
20 vedettes lance-torpille, des hydravions, des bombardiers d'attaque en piqué,
de l'acier, des munitions, 250 000 fusils...
ROOSEVELT - De nouveau le shopping de la ménagère! L'Allemagne
les mets sous une terrible pression... Même si Hitler a maintenant abandonné
l'idée de les envahir... Mais est-ce vrai, général? Pensez-vous
que c'est fini? Qu'ils ont renoncé?
GENERAL MARSHALL - Je le pense... Et déjà les Allemands commencent
à disperser les barges qu'ils avaient préparées pour l'invasion.
Oui, nous pouvons penser que la bataille d'Angleterre est gagnée. Mais
Hitler va maintenant les attaquer de l'extérieur, leur couper toutes
les liaisons avec leur empire, les côtes atlantiques de l'Europe, puis
de la Méditerranée, Gibraltar, l'Afrique du Nord, le canal de
Suez, ensuite les Canaries, les Açores...
ROOSEVELT - Et couler tous les bateaux qui voudront passer l'Atlantique pour
aller les approvisionner.
GENERAL MARSHALL – Naturellement. C'est un champ de bataille immense et
imprévisible! Hitler les étranglera.
ROOSEVELT - Soit dit entre parenthèses, les Anglais ont bien fait de
détruire la flotte française à Mers-el-Kébir...
Si les Allemands l'avaient capturée... Je n'ose pas y penser. Mais ça
ne suffit pas...
GENERAL MARSHALL - Si seulement nous pouvions déclarer tout de suite
la guerre aux Allemands et nous y mettre un bon coup?
ROOSEVELT - Encore une fois, vous savez bien que c'est impossible. Même
si nous avons lancé un grand programme d'armement, avec l'idée
qu'un jour, peut-être...
GENERAL MARSHALL - Nous ne pouvons pas tout de même laisser tomber l'Europe.
ROOSEVELT - Que voudriez-vous que nous fassions?
GENERAL MARSHALL - Je ne sais pas encore... Mais si nous ne pouvons pas vendre
des armes aux belligérants, nous pourrions... Je ne sais pas! ... les
louer. Ça n'est pas défendu, ça?
ROOSEVELT - Non! Les louer...! Pourquoi pas? Non, ça n'est pas défendu.
Mais il faudrait aussi qu'ils en prennent possession, soit qu'ils viennent les
chercher soit que nous les livrions nous-mêmes. Là est le problème,
l'Atlantique est large! Et il y a ces meutes de sous-marins allemands qui font
le guet...
GENERAL MARSHALL - Et pourquoi pas protéger les convois qui traversent
l'Atlantique pour les transporter. Quelques croiseurs pour les accompagner.
Ça n'est pas défendu, ça non plus. Comme ça, tout
à fait par hasard et sans en avoir l'air...
ROOSEVELT - Hum... Ils nous chercheront des poux dans la tête!
GENERAL MARSHALL - Il faut oser! Ça peut se faire discrètement.
ROOSEVELT - Alors, allons-y... Essayez, accompagnez-les le plus loin possible...
GENERAL MARSHALL - D'autant plus que les Japonais ont conclu un pacte avec les
Italiens et les Allemands et qu'ils se font aussi de plus en plus menaçants
dans le Pacifique sud. Ils en veulent non seulement à la Chine, où
ils sont déjà, mais aux possessions extrême-orientales de
l'Angleterre, de la France et de la Hollande. Oui, allons-y...
ROOSEVELT - Vous avez raison. Ça durera ce que ça durera et, à
la fin des fins, on pourra peut-être convaincre les isolationnistes qu'il
nous faut déclarer carrément la guerre...
GENERAL MARSHALL - Dieu vous entende!
- 3 -
L'HISTORIEN DE SERVICE- Tous ces empêchements n'empêchèrent
donc pas l'administration américaine de se préparer pour le jour
où – ils en étaient sûrs – où ils auraient
à se battre. Ils mobilisèrent des armées, construisirent
des usines, firent fabriquer des armes et des bateaux, surveillèrent
les mers... En 1941, Roosevelt, frappé par la poliomyélite depuis
1922, vient d'être réélu président pour la troisième
fois
ROOSEVELT - Dites, ça fait quand même un an et demi que ça
dure, cette guerre qui n'en est pas une!
GENERAL MARSHALL - Les Allemands se tiennent à carreau, nous ne réussissons
pas à organiser un incident qui nous donnerait un prétexte pour...
ROOSEVELT - Si cependant, un sous-marin allemand a lâché une torpille
sur un de nos contre-torpilleurs, le Greer. Heureusement il l'a manqué.
Heureusement ou malheureusement?
GENERAL MARSHALL - Vous voulez dire que s'ils l'avaient coulé nous aurions
eu une bonne raison pour...
ROOSEVELT - J'aurais fait un vacarme de tous les diables et le Congrès
n'aurait pu... refuser de déclarer la guerre... Ce qu'il faut faire tout
de même pour sauver les gens malgré eux... Une dépêche?
UNE SECRETAIRE - Oui.
ROOSEVELT –Général Marshall, voulez-vous nous la lire.
GENERAL MARSHALL - Monsieur le président, je vais vous faire une grande
joie...
ROOSEVELT - Ménagez-moi!
GENERAL MARSHALL - Les Japonais ont attaqué Pearl-Harbour...
ROOSEVELT - Pearl-Harbour? Allons donc? Comment ont-ils fait?
GENERAL MARSHALL - Je n'en sais rien, mais le fait est là. Vous les aviez
un peu... provoqués?
ROOSEVELT – Moi? Tout juste un peu contrariés. Alors, nous pouvons...
je vais...
UNE SECRETAIRE – Encore un message, s'il vous plaît...
GENERAL MARSHALL - Inutile.... Oui! Ils ont attaqué Pearl-Harbour et
ils ont eu l'honnêteté de, préalablement, nous déclarer
la guerre!
ROOSEVELT - Vraiment? C'est fort courtois de leur part...
GENERAL MARSHALL - Mais les communications sont tellement mauvaises que la déclaration
de guerre nous est arrivée après l'attaque.
ROOSEVELT - Peu importe... Ça y est, c'est fait! Nous sommes officiellement
en guerre. Le Congrès va devoir réagir. Beni soit le Seigneur!
GENERAL MARSHALL - Je n'aurais jamais pensé qu'une déclaration
de guerre puisse être reçue avec autant de jubilation...
ROOSEVELT - Gros dégâts... Je veux dire à Pearl-Harbour?
GENERAL MARSHALL – Oui, tout de même, des cuirassés, ses
croiseurs légers, des destroyers... Dix-huit en tout... et un bon millier
d'hommes. Ça fait beaucoup d'effet, mais cela ne représente qu'une
petite partie de notre flotte,...Une autre dépêche?
UNE SECRETAIRE - Oui.
GENERAL MARSHALL - Ah! Formidable! ...Et, cerise sur le gâteau..., les
Allemands aussi.
ROOSEVELT – Les Allemands aussi, quoi?
GENERAL MARSHALL – Devinez... Ils nous ont aussi déclaré
la guerre...
ROOSEVELT – Ah bon! Par solidarité avec les Japonais?
GENERAL MARSHALL - Je n'en sais rien. C'est fou, mais la dépêche
est bien là.
ROOSEVELT - Faites voir... C'est inimaginable! Ils nous ont déclaré
la guerre... Est-ce qu'ils savent ce qu'ils font? C'est la pire bêtise
qu'ils aient jamais commise.
GENERAL MARSHALL - Je pense qu'ils sont tellement contents à l'idée
de nous envoyer nous battre dans le Pacifique contre les Japonais, plutôt
que contre eux dans l'Atlantique...
ROOSEVELT - Ils auraient pu nous envoyer simplement une lettre recommandée!
En tout cas nous avons maintenant deux déclarations de guerre...
GENERAL MARSHALL - Hitler est un dictateur, il a tous les pouvoirs... et pas
de parti isolationniste. Et tout à coup, crac, il se tire une balle dans
le pied... Déclarer la guerre au plus puissant des Etats du monde! Alors
qu'il lorgne sur la Russie et qu'il est déjà engagé sur
des multitudes d'autres fronts et que son copain Mussolini est en train de le
piéger en Grèce et en Afrique...
ROOSEVELT - C'est comme ça, la vie. Les plus prudents, les plus malins,
les plus rusés... ils mènent leur barque avec une totale maîtrise...
on en est tout épaté! Et puis un jour, c'est toujours comme ça,
à force d'être prudents, malins, rusés... et parce qu'ils
s'imaginent qu'ils le sont quoiqu'ils fassent, ils se laissent aller à
quelque terrible imprudence...
GENERAL MARSHALL – Comme à Dunkerque?
ROOSEVELT – Comme à Dunkerque. Ils étaient sur le point
d'anéantir l'armée anglaise... et tout à coup ils se sont
arrêtés: invraisemblable! ...Nous allons nous faire confirmer tout
ça, mais maintenant, les isolationnistes n'y peuvent plus rien, nous
sommes officiellement en guerre. Nous allons faire tourner à plein la
formidable machine de combat que nous avons commencé à construire,
produire à la face du monde et avec jubilation les canons, les avions,
les tanks dont le monde libre à besoin pour échapper à
la terrible menace que le fascisme faisait peser sur lui...
GENERAL MARSHALL - Faire enfin la guerre! Sans nous cacher...
ROOSEVELT - Faire enfin la guerre! Et la gagner.
GENERAL MARSHALL - Le chemin sera long, mais, oui, je suis sûr que nous
irons jusqu'au bout.
ROOSEVELT – A propos, Mussolini, où en est-il? Je n'y pensais plus...
L'Axe de fer, l'axe Berlin-Rome-Tokyo... Quelle guignolade!
UNE SECRETAIRE – Une dernière dépêche...
GENERAL MARSHALL – Donnez... Où voulez-vous qu'il en soit... Il
suit les nazis comme un petit chien parce qu'il veut lui-aussi sa part du gâteau....
(lisant) Tenez, qu'est-ce que je vous disais: la voilà, sa déclaration
de guerre. L'Axe est au complet! Mais je pense que Mussolini sera plus un trublion
qu'autre chose.
ROOSEVELT - Donc, ça nous en fait trois... Trois déclarations
de guerre dans la même matinée!!
GENERAL MARSHALL – Un joli bouquet, une belle collection. Quand ce sera
fini, nous en ferons une exposition.
ROOSEVELT - Maintenant, les choses sont claires. Allons préparer notre
communication au Congrès... Dommage cependant que tout se finisse toujours
par une guerre.
RAPPEL HISTORIQUE
Lorsque les Etats-Unis, au terme de leur guerre d'Indépendance eurent
cessé d'être une colonie anglaise pour devenir eux-mêmes,
ils n'avaient pas encore eu le temps de définir quelle serait leur politique
étrangère. Ils se trouvaient au milieu d'un continent en pleine
mutation, composé de nations, de colonies ou de dominions qui se cherchaient
et qui, subissant encore l'influence des nations européennes, étaient
tentés de s'appuyer sur les nouveaux Etats-Unis pour s'en libérer.
Ou inversement ces mêmes Etats-Unis, déjà expansionnistes,
regardaient avec convoitise tel ou tel d'entre ces Etats pour agrandir à
ses dépens leur territoire ou leur zone d'influence.
Un première guerre ayant eu lieu avec les Anglais en 1812, des contentieux
étant en cours avec l'Espagne, les Etats-Unis se replièrent sur
eux-mêmes et le président Monroe condamna en 1823 toute intervention
européenne dans les "affaires" des Amériques en même
temps toute intervention des Etats-Unis dans les affaire européennes.
Un isolationnisme complet! Qui pouvait, d'une façon plus brutale se résumer
en ces quelques déclarations du Président:
"L'Amérique du nord et du sud ne sont plus ouvertes à la
colonisation."
"Toute intervention européenne dans les affaires du continent sera
perçue comme une menace pour la sécurité et la paix."
"En contrepartie, les Etats-Unis n'interviendront jamais dans les affaires
européennes."
Pendant la Première guerre mondiale, les Américains furent dès
l'abord tentés de venir en aide à leurs frères européens.
Mais le souvenir du président Monroe les fit hésiter longtemps
et il fallut qu'un sous-marin allemand torpillât un paquebot américain
pour que l'opinion publique bascule et que l'Amérique entre en guerre...
Peut-être craignaient-ils aussi que, si les alliés perdaient la
guerre ils seraient incapables de rembourser ce que l'Amérique leur avait
prêté! Lors de la Seconde Guerre mondiale, le scenario fut à
peu près le même, quoique sur une autre échelle. Les Etats-Unis
attendirent longtemps avant d'agir – ils avaient une certaine admiration
pour les nazis! – et ce fut la déclaration de guerre japonaise,
à l'occasion de Pearl Harbor, qui provoqua la déclaration de guerre
allemande et la déclaration de guerre italienne... Les Américains
purent alors très innocemment, sans avoir eux-mêmes déclaré
la guerre, entrer en guerre à leur tour et se porter au secours du monde
civilisé. Ils ne voulaient pas non plus perdre au profit de l'Allemagne
l'immense marché européen.
Dans l'intervalle, les USA s'étaient beaucoup occupés de beaucoup
d'autres pays. Aujourd'hui en 2016, les sources militaires bien informées
révèlent qu'il y a entre 700 et 800 bases militaires américaines
éparpillées sur la surface de la terre.