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Déposé à la SACD

LES JUIFS SE BATTENT POUR LEUR LIBERTE.

par Michel Fustier
(toutes les pièces de M.F. sur : http://theatre.enfant.free.fr )


PERSONNAGES
Siméon, un enfant juif séduit par la civilisation grecque.
Ruben, un autre enfant juif fidèle à la loi de Moise.
Antiochos Épiphane, le roi. Le ministre du roi.
Mattathias, un Juif fidèle, père de
Judas Maccabée et de Jonathan..


L'HISTORIEN DE SERVICE - En 332 avant J.C. Alexandre le grand a conquis la Palestine et il y a apporté la très brillante culture grecque, avec ses jeux, son théâtre, son culte du corps, la liberté de ses mœurs, sa philosophie de la raison, son universalité… Et le people juif s'est laissé aller à la tentation de vivre à la façon de ceux qui l'ont conquis: à tel point qu'une centaine d'années après, il est en train d'oublier la religion de ses Pères et ses exigences… Quelques-uns cependant se souviennent et entreprennent de ramener à Yahwé le peuple d'Israël.

1 – (dialogue de deux enfants)
SIMÉON - Moi, mes parents sont bien juifs, mais la plupart du temps ils parlent le grec!
RUBEN - Les miens sont juifs aussi, mais ils veulent le rester et ils ne parlent que l'hébreu.
SIMÉON - Ils manquent de bon sens!
RUBEN - Pourquoi? À cause d'Alexandre le Grand qui nous a envahis?
SIMÉON - Mais oui. Le judaïsme, c'est fini. Depuis que nous connaissons les Grecs, le judaïsme ne tient plus la route. D'abord, la langue grecque est celle que tout le monde parle...
RUBEN - À quoi sert de parler la langue de tout le monde?
SIMÉON - À pouvoir communiquer avec tout le monde, c'est mieux, non? En tout cas, c'est une langue tellement plus riche et plus subtile... Et puis, leur façon de vivre: ils n'ont pas tous ces petits règlements absurdes que nous ont transmis des prêtres tatillons! Le jour du sabbat, au lieu de rester immobilisés à la maison, nous allons nous baigner ou courir dans le stade...
RUBEN - Oui, je sais. Mais vous courez tout nus... C'est sacrilège!
SIMÉON - Quelle bêtise! Et puis, nous pouvons penser ce que nous voulons, adorer les dieux qui nous plaisent, organiser des jeux, des courses, boire, manger de tout tous les jours, y compris du cochon, courir les filles. C'est tout de même drôlement plus chouette! Quant à la circoncision...
RUBEN - Je ne comprends pas comment tu oses... Et la Loi de Moïse? Les Grecs sont des païens, leur civilisation est une civilisation dégénérée!
SIMÉON - Comment peux-tu dire ça? Dégénérée! Ils viennent de conquérir le monde! Vive Alexandre! Ils ont aussi de très bons écrivains. Ça compte!
RUBEN - Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?
SIMÉON - Et puis, ils ont les plus grands sculpteurs, les plus grands géomètres, les plus grands architectes... Pense à Archimède. Moi, c'est tout choisi: je ne suis plus juif, je suis grec. Définitivement.
RUBEN - Et Yahwé, dans tout ça?
SIMÉON - Oh! Yawhé…! Les Grecs ont aussi de très bons dieux, qui ne leur interdisent rien et qui leur donnent de grandes victoires. Cela ne te suffit pas? Et qui ne sont pas cruels, eux!

2 – (dans le palais d'Antiochos Épiphane)
ANTIOCHOS ÉPIPHANE – (au public) Je suis le roi Antiochos Épiphane. Comme mon nom l'indique, je suis grec, mais je règne sur les Juifs et je me réjouis de constater qu'ils sont maintenant devenus eux-mêmes presque complètement grecs, au point que même le grand-prêtre Jason néglige les sacrifices du Temple et s'en va tout nu dans les stades faire sa petite gymnastique à la grecque. Malheureusement...
LE MINISTRE - Malheureusement, grand roi?
ANTIOCHOS ÉPIPHANE - Malheureusement, il y a encore des résistances, un petit noyau de fanatiques stupides qui prétendent garder la Loi de Moïse: je ne le tolérerai pas.
LE MINISTRE - Vous ferez bien. Ce sont des intégristes bornés et dangereux.
ANTIOCHOS ÉPIPHANE – J'ordonne donc, que l'on saccage Jérusalem, que l'on en détruise leurs édifices sacrés, que l'on brûle leurs Saintes Écritures, que l'on mette à mort les croyants fervents, que l'on fasse prisonniers les autres, avec leurs femmes et leurs enfants, que l'on installe dans la ville une garnison grecque qui veillera à ce que l'on respecte mes interdictions… Et qu'on dresse enfin dans le Temple une statue de Zeus.
LE MINISTRE - Cela sera fait.
ANTIOCHOS ÉPIPHANE - Ceux qui refuseront de lui sacrifier seront jetés au feu.

3 – (la révolte des fils de Mattathias Maccabée)
MATTATHIAS - Cette fois, c'en est trop. Par ma barbe blanche, personne n'effacera le Judaïsme de la surface de la terre. Mes fils, toi, Judas Maccabée, et vous, Jean, Simon, Éléazar et Jonathan... nous allons prendre le maquis: nous nous cacherons dans les collines de Judée et sous le nez d'Antiochos, nous dresserons l'étendard de la révolte.
JUDAS - C'est déjà fait. Moi, Judas, je suis allé dans les villes et les villages et j'y ai rameuté des soldats pour notre cause. J'ai levé une armée puissante.
JONATHAN - Oui, j'en témoigne. Et nous allons nous battre. Nous somme juifs, nous voulons le rester, Yahwé est notre Dieu, nous voulons respecter sa Loi et lui offrir des sacrifices dans notre Temple.
MATTATHIAS - Chaque peuple a le droit d'être maître de son sort. Nous sommes désormais des résistants, les défenseurs de notre liberté!
JUDAS - Loué soit le Dieu d'Isaac, d'Abraham et de Jacob... Après trois ans de combats terribles, Antiochos est mort, les Grecs ont cédé et nous sommes rentrés en vainqueurs dans Jérusalem. Nous y avons détruit la statue de Zeus, rouvert le Temple et rétabli la Loi de Moïse. Yawhé est grand!
MATTATHIAS - Oui, mais, mes fils courageux, ne vous faites pas d'illusions: nous avons repris Jérusalem et les Grecs tolèrent Yahwé, mais ils sont encore les maîtres du pays. Nous n'aurons rien fait aussi longtemps que nous ne serons pas devenus politiquement indépendants... Le peuple d'Israël doit régner sur toute la terre d'Israël, que Dieu lui a donnée.
JUDAS - Il nous faudrait être beaucoup plus forts pour chasser les Grecs, il nous faudrait des armes et des soldats!
JONATHAN - J'ai une idée: si nous allions trouver les Romains et leur demander leur alliance? Les Romains n'aiment pas les Grecs...
JUDAS - Bonne idée: je pars pour Rome... (sort et rentre) Ça va bien, j'en reviens: les Romains nous aiment et ils nous aideront. Avec toutes leurs légions, ça va saigner! Et nous rétablirons le royaume de Judas dans toute sa gloire.
MATTATHIAS - Mes fils, soyez prudents, soyez prudents: je n'aime pas beaucoup les Romains, même quand ils viennent pour délivrer les peuples... Avec eux, on ne sait jamais comment ça peut finir.

4 – (des deux enfants, l'un part et l'autre reste)
RUBEN – Alors, c'est décidé, tu pars?
SIMÉON - Oui, moi je pars, définitivement. Je ne suis plus juif, je suis grec... et mes parents ne veulent pas se faire massacrer.
RUBEN - Moi, je suis bien comme je suis. Juif je suis, Juif je reste… C'est dommage que tu partes, je t'aimais bien au fond.
SIMÉON - Moi aussi, je t'aimais bien! Je serais bien resté. Mais hier, c'était les fanatiques grecs qui tuaient les Juifs, aujourd'hui, ce sont les fanatiques juifs qui tuent les Grecs.
RUBEN - Oui, je suis de ton avis: ça fait beaucoup de fanatiques. Je n'aime pas moi non plus les fanatiques. Quand je pense que c'est au nom de Dieu qu'ils tuent! Où vas-tu aller?
SIMÉON - Je ne sais pas: probablement en Égypte ou les Juifs qui parlent grec sont déjà nombreux... Au revoir: nous nous retrouverons peut-être un jour. Un pays où on pourrait être librement ou grec, ou juif, ou romain ou égyptien, ce serait un si beau pays!
RUBEN - Tu crois que ça sera possible?
SIMÉON - Qui sait? Nous verrons bien, il faut toujours espérer.
RUBEN – Au revoir, Siméon. Shalom, la paix soit avec toi!
SIMÉON – Moi, je te dis: Kayré, comme les Grecs: puisses ta vie te réjouir!

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