Déposé à la SACD
VOLTAIRE : L'AFFAIRE CALAS
Par Michel Fustier
(toutes les pièces de M.F. sur : http://theatre.enfant.free.fr )
L'HISTORIEN DE SERVICE - Voltaire était un esprit libre, et bien qu'il
se soit nourri d'abord de l'illusion d'être un auteur dramatique, il consacra
une part importante de son temps à jeter sur la société
de son temps un regard lucide et ironique. Nous dirions aujourd'hui "déconstructif".
Rien ne résistait à sa sagacité! Et en effet, ce qui subsiste
de lui dans nos esprits aujourd'hui, c'est essentiellement les mordants contes
philosophiques, tel L'homme aux quarante écus ou Candide, et surtout
l'affaire Calas, où il prit parti pour les victimes d'une justice indigne.
1 – (les faits)
VOLTAIRE - Cette affaire est tellement compliquée...
L'HISTORIEN - Vous voulez dire l'affaire Calas?
VOLTAIRE - Oui... elle est tellement compliquée, se déroule sur
une si longue période et fait intervenir tellement de personnages que
je ne suis pas loin de m'y perdre...
L'HISTORIEN - Je suis historien de profession et si vous le voulez, je peux
vous aider à vous faire bien comprendre...
VOLTAIRE - Mais volontiers... Et comme la bataille est loin d'être terminée,
cela me permettra de continuer à y travailler pendant que vous expliquerez
ce qui se passe.
L'HISTORIEN - Mais à condition que vous me disiez d'abord ce que vous
savez de ses commencements. Nul ne les connaît mieux que vous.
VOLTAIRE – C'est vrai, je les connais bien.
L'HISTORIEN - Les faits, les faits tels qu'ils vous apparaissent!
VOLTAIRE - Ainsi donc, la famille Calas, une paisible famille protestante de
drapiers de Toulouse, soupait ce soir-là dans son appartement, à
l'étage de sa maison.
L'HISTORIEN - Nous sommes bien le13 octobre 1761?
VOLTAIRE - C'est cela... Après le repas, le fils Marc-Antoine se lève
de table et sort, probablement pour aller jouer au billard, ce qui est son occupation
favorite. Une heure après, on le retrouve pendu dans le magasin du rez-de-chaussée...
On le dépend! Qui le dépend? Son père et son frère,
disent-ils. Mais bien que la porte extérieure ait été trouvée
ouverte, ce qui intrigue, ne sont-ce pas eux qui l'ont aussi pendu? A moins
qu'il ne se soit suicidé! Mais, même si le jeune homme a effectivement
témoigné de l'admiration pour certains héros suicidaires,
rien dans l'immédiat ne peut vraiment laisser penser cela, surtout compte
tenu de la disposition des lieux. Donc, négligeant la piste d'un mystérieux
jeune homme en gris que l'on a vu s'enfuir, les juges décrètent
que le père et le frère sont coupables! Et peut-être aussi
les autres membres de la famille, la mère, la servante et un ami qu'ils
avaient invité ce soir-là... On les arrête tous et les juges,
persuadés que le fond de l'affaire est qu'on a voulu empêcher la
victime de se convertir au catholicisme, condamnent finalement le père...
Lui seul et pourquoi pas le frère et les autres? Le père a soixante-trois
ans et les jambes faibles: comment aurait-il pendu son fils? Cela ne fait rien...
On le torture, on lui brise les membres – voilà ce que c'est que
d'avoir les jambes faibles! - et finalement on l'étrangle avant de le
brûler... Oui, en résumé, c'est cela
L'HISTORIEN - C'était le 10 mars 1762, ça n'a pas traîné....
Mais maintenant, il y a des voix qui disent qu'il n'était pas coupable?
VOLTAIRE - Exactement! ...Au début, quand j'ai appris la nouvelle, je
me suis dit que ce Calas était encore un de ces protestants fanatiques
qui... Bon! Tant pis pour lui! Cela me paraissait tout de même un peu
fort de café que de tuer son fils pour l'empêcher de se convertir
au catholicisme... mais enfin, chez ces gens qui n'aiment pas la comédie,
pourquoi pas? Et il y avait quand même sept juges du Parlement de Toulouse
qui s'étaient prononcés!
L'HISTORIEN – Sept juges? On dit même treize... Difficile d'aller
contre!
VOLTAIRE - Et cependant, j'ai ensuite eu des doutes, de sérieux doutes...
L'HISTORIEN - Cher grand philosophe, c'est votre essence même que de douter,
de quoi ne douteriez-vous pas?
VOLTAIRE - Oh, ce n'est pas pour le plaisir, mais j'ai reçu ici, à
Ferney, des visiteurs venant de Toulouse qui m'ont dit qu'il n'y avait pas de
vraies preuves de la culpabilité de Calas et que beaucoup le croyaient
innocent. Et surtout qu'il avait été condamné sous la pression
de l'opinion publique, qui est très défavorable aux protestants.
Bref, qu'il y aurait du fanatisme là-dedans! Ce qu'ils m'ont dit m'a
tracassé. Je ne peux supporter cette pensée d'un innocent condamné...
Surtout pour des raisons de croyance! J'en suis tout hors de moi. J'ai alors
écrit au duc de Richelieu, qui est précisément le gouverneur
de Guyenne, pour lui demander d'enquêter auprès du Parlement. Mais
celui-ci m'a répondu... que rien, que non, que je ne m'inquiète
pas, que tout va bien... J'ai trouvé ça étrange.
L'HISTORIEN - Il est prudent, il y a des choses qu'il vaut mieux tenir cachées!
VOLTAIRE - C'est son opinion, ce n'est pas la mienne. Je veux la vérité.
L'HISTORIEN - Vous savez, on ne désavoue pas aussi facilement un Parlement.
Tous les Parlements se tiennent et vous ne pouvez vous en prendre à l'un
sans que tous les autres ne vous tombent dessus. Et le duc de Richelieu ne veut
pas que vous vous lanciez dans une de ces affaires qui vous mettrait à
dos tous les juges du royaume.
VOLTAIRE - Je vous réponds que cela m'est égal et que si j'étais
juge, je serais beaucoup plus effrayé d'avoir Voltaire comme adversaire.
Ils me connaissent mal! Et savez-vous d'ailleurs que même les juges ne
sont pas sûrs de ce qu'ils ont fait. Si ç'avait été
un crime familial, il aurait fallu pendre toute la famille. Or ils les ont tous
relâchés, sauf le père, qui n'est pas en bonne santé.
A leur place, j'aurais aussi ou plutôt incriminé le frère
qui est un garçon vigoureux. Cela ne tient pas debout. Le père
n'aurait jamais pu pendre son fils tout seul, quand bien même il en aurait
eu la volonté! Et quand je pense que ces fanatiques de Pénitents
blancs se sont emparés du corps du pendu pour lui faire en grande pompe
un enterrement plus que catholique... alors qu'on ne savait rien de ses vrais
sentiments. Et que l'on a ainsi excité la foule!
L'HISTORIEN - Si les choses sont telles, il ne vous reste qu'à faire
votre enquête vous-même et ensuite à remuer le ciel et la
terre, comme vous savez si bien le faire.
VOLTAIRE - C'est précisément ce à quoi je veux m'employer.
Mais à partir de maintenant, laissez-moi me mettre au travail... je ne
suis pas au bout de nos peines! et contentez-vous de faire le résumé
de mes démarches pour nos auditeurs. J'ai une foule de lettres à
écrire...
2 – (les démarches de Voltaire)
L'HISTORIEN - Donc, notre diable d'homme, remue effectivement ciel et terre!
Il questionne une infinité de personnes qui lui apportent leur témoignage,
il forme à Genève des groupes de pasteurs, de négociants
et d'avocats qui sont chargés d'enquêter... Il questionne tous
les voyageurs qui, venant de Toulouse à Genève, peuvent lui apporter
leur témoignage. Il fait même venir les deux fils de Calas, Pierre,
celui qui a aidé son père à dépendre le cadavre,
et Donat, le dernier fils, qui n'était pas présent au moment des
faits, et il les questionne longuement...
VOLTAIRE - Et mon ami, voici que je suis de plus en plus convaincu de l'innocence
des Calas.
L'HISTORIEN - Du coup, il ouvre aussi une souscription pour soutenir financièrement
son action... Car la justice coûte cher! Et nombreux sont ceux qui ont
lui envoient des fonds. Il étend sa collecte à toute l'Europe
et, parce qu'un protestant est en cause, les Etats protestants eux-mêmes
soutiennent généreusement une cause qui les touche de près.
Et parmi les souscripteurs, Frédéric de Prusse, Catherine II de
Russie, Stanislas Leczinsky...
VOLTAIRE - D'autres aussi... Mais vous ne pouvez pas tout savoir. Et ce n'est
pas tout, j'écris aussi, j'écris... Ne me troublez pas...
L'HISTORIEN - Il écrit en effet à tout ce qu'il avait de relations,
à Mme du Deffand, qu'il connaît bien –qui ne connaît-il
pas?- à M. Damilaville, à M. le premier Président de Nicolaï,
à M. le premier président d'Auriac, et à M. de Chaban,
ce qui est très important... et aussi à Mme de Pompadour, la maîtresse
du roi, et à son ami le ministre du roi Choiseul... Quand il s'y met!
VOLTAIRE - Je sais qu'ils sont tous très occupés par la désastreuse
guerre de sept ans, qui se termine et où nous sommes en train de perdre
nos colonies. Mais cela peut-il effacer une injustice?
L'HISTORIEN - Il a bien entendu sollicité aussi les meilleurs avocats...
Mais surtout Il a écrit, publié et fait publier des pamphlets,
des libelles en nombre considérable. C'est une véritable tempête
qu'il fait souffler sur l'Europe... Extrait d'une lettre de la dame veuve Calas
- Lettre à monseigneur le chancelier - Lettre de Donat Calas à
sa mère - Requête au roi en son conseil - Mémoire de Donat
Calas pour son père, son frère et sa mère - Déclaration
de Pierre Calas...
VOLTAIRE - L'opinion, mon cher ami, l'opinion, c'est important. Les libelles
se lisent, on s'en régale, on les fait passer aux amis, aux voisins...
L'HISTORIEN - Il a même fait exécuter une gravure très touchante,
où l'on voit comment la famille Calas fait ses adieux à son pauvre
père. Elle a été reproduite partout, même sur le
couvercle des tabatières, et a produit beaucoup d'effet... Mais voici
que le Parlement de Toulouse résiste encore. Les juges se sentent plutôt
morveux! Et ses huissiers eux-mêmes refusent de lui fournir une copie
de la procédure et de la condamnation, qui sont des pièces pourtant
indispensables à la poursuite de son action.
VOLTAIRE - Les pauvres huissiers tremblent! Il faut dire que le parlement de
Toulouse est furieux et qu'il décide assez librement de qui il soumettra
à la question.
L'HISTORIEN - Et maintenant il envoie à Paris Mme Calas elle-même,
la veuve du condamné. Il l'a fait accompagner de ses deux plus jeunes
filles, qui n'étaient pas là au moment du drame, mais que, par
précaution, on avait enfermées chacune dans un couvent. Et il
y a aussi son plus jeune fils Donat, qui rayonne l'innocence. Et maintenant,
son ami M. Damilaville est chargé de montrer cette pauvre veuve et ses
enfants partout où son visage pourra inspirer la pitié, dans les
salons, dans les ministères... à la cour même, où
le roi l'apercevra.... Et à tous ceux auxquels il a écrit des
lettres...
VOLTAIRE - Les toucher une fois, ça n'est rien, il faut revenir à
la charge! La seconde fois peut faire de l'effet, mais souvent c'est à
la troisième bordée qu'ils cèdent!
L'HISTORIEN - Le système de Voltaire, lorsqu'il veut obtenir quelque
chose, est de créer dans l'opinion une émotion telle que ses adversaires
sont bientôt comme submergés par une vague d'indignation qui emporte
leurs positions les plus assurées. Vauban savait prendre les citadelles,
Voltaire sait emporter les âmes et les cœurs. Il creuse des parallèles
autour de leurs positions, de plus en plus proches: et il bombarde. N'est-ce
pas comme cela que vous faites...?
VOLTAIRE - Si, c'est cela, mais cette fois-ci, ne me dérangez plus. J'écris
mon Traité sur la Tolérance... Je vais reprendre l'histoire et
lui donner une portée universelle.
3 – (le Traité de la Tolérance)
L'HISTORIEN - Mais oui, mais oui, écrivez... Ce Traité de la Tolérance
est important. Car il faut savoir que l'objet de toutes ces démarches
n'est pas seulement de réhabiliter un pauvre condamné et de sauver
sa famille, mais de livrer bataille contre l'intolérance. Livrer bataille
contre l'intolérance! En effet, l'Edit de Nantes qui, en 1598, a officiellement
mis fin aux guerres de religion, n'a pas mis fin à l'intransigeance du
pouvoir catholique, qui a été jusqu'à révoquer en
1685 le dit Edit de Nantes, que le roi Henri, son signataire, avait pourtant
déclaré irrévocable! Et à engager, ou plutôt
à poursuivre, une cruelle persécution contre les protestants...
Et aujourd'hui encore, en 1763 donc, il y a des femmes enfermées dans
la tour de Constance, à Aigues-Mortes, et des hommes condamnés
aux galères pour "crime de religion". Et qui plus est, deux
siècles et demi après l'apparition du protestantisme, l'intolérance,
qui a fait rouer Jean Calas, ne s'est pas seulement développée
en France, mais dans toute l'Europe, où la Guerre de Trente Ans a naguère
répandu la désolation. Pour ne pas parler du reste du monde où,
ici et là, sont installées des religions qui se prétendent
exclusives.
VOLTAIRE - Vous avez raison. Ce qui m'a soutenu dans mon combat, c'est l'idée
de travailler pour tous les persécutés et tous les méprisés
de l'univers... Et en effet, mon petit "Traité de la Tolérance
à l'occasion de la mort de Jean Calas" fit l'effet d'un coup de
tonnerre.
L'HISTORIEN - Et pendant que vous continuez à écrire, j'en lirai
quelques extraits... Ecoutez donc: "Sur ce petit globe qui roule dans l'espace,
tel homme, de cinq pieds de haut, presque imperceptible, dit à quelques-uns
de ses voisins, dans l'Arabie ou dans la Cafrerie: il y a neuf cents millions
de petites fourmis comme nous sur terre, mais il n'y a que ma fourmilière
qui soit chère à Dieu, toutes les autres lui sont en horreur!
...Et quand vous rencontrez un terrien qui ne soit pas de l'Eglise de Rome,
allez-vous lui dire: Monsieur, attendu que vous êtes infailliblement damné,
je ne veux ni manger, ni contracter, ni converser avec vous. ...Et que dirait-on
d'un homme qui ne voudrait pas que son juge entende les raisons de chaque partie?
De quelque religion que vous soyez prêtres, quand il s'agit de la vérité,
vous n'êtes que parties. Si votre croyance est susceptible de preuves,
pourquoi craignez-vous qu'on l'examine? La raison, la conscience de chaque homme
est votre seul vrai juge, et de quel droit pourriez-vous empêcher quiconque
de s'instruire et d'instruire ses semblables?"
VOLTAIRE - Bien que mon traité – que je n'avais pas signé
de mon nom! - ait été interdit, ou peut-être à cause
de cela, il a produit son résultat... Et en effet, au terme de tous ces
efforts, laissez-moi le plaisir, cher historien, d'annoncer la nouvelle! en
mars 1763, la requête des Calas est jugée admissible par le bureau
des cassations, le roi reçoit Mme Calas à la cour et le Conseil
d'Etat, à l'unanimité et avec l'appui du roi, ordonne au Parlement
de Toulouse la communication de la procédure...
L'HISTORIEN - Ce qui ne sera hélas fait que fin juillet... Voyez toujours
quelles résistances: ils ne voulaient pas qu'on mette le nez dans leurs
affaires! Et il faudra attendre juin 1764 pour que le jugement soit effectivement
cassé, et mars 1765 pour que Jean Calas soit définitivement réhabilité.
VOLTAIRE - "Nous versions des larmes d'attendrissement, le petit Calas
et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens. C'est pourtant
la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle
écraser toutes les têtes de l'hydre du fanatisme?"
L'HISTORIEN – Je me prends à pleurer moi aussi... Laissez-moi simplement
ajuter que l'affaire Calas et les efforts de Voltaire contribuèrent puissamment
à la réconciliation des catholiques avec les protestants et à
la révision d'un système judiciaire qui avait largement fait la
preuve de ses insuffisances.
RAPPEL HISTORIQUE
Bien des choses ont été dites dans la pièce... Voici cependant
quelques dates et précisions, à lire en tenant compte du fait
que tous les auteurs qui ont traité de la question ne sont pas toujours
d'accord sur les faits...
13-14 octobre 1761 : Marc-Antoine Calas est trouvé étranglé
au rez-de-chaussée de la maison. Le capitoul (magistrat municipal) David
de Beaudrigue mène l'enquête. Une rumeur court, attribuant le meurtre
à la fureur de Jean Calas devant la perspective de la prochaine conversion
de son fils au catholicisme, ce qu'aucun argument sérieux ne vient pourtant
étayer.
15 octobre 1761 : Interrogatoire de Jean Calas, de son fils Pierre, de Rose
Calas, de la servante et de Gaubert Lavaisse, leur invité le soir du
drame. Les accusés soutiennent d'abord la thèse du meurtre par
un inconnu, puis, sur le conseil de leurs avocats, révèlent avoir
trouvé Marc-Antoine pendu. Ils auraient maquillé ce qui aurait
pu être un suicide en meurtre et menti aux enquêteurs pour épargner
au défunt le traitement infamant réservé aux suicidés.
16 octobre : Enquête publique (Monitoire) dans toute la ville de Toulouse
pour recueillir tout renseignement susceptible d'éclairer l'affaire.
Cette procédure est très rare. La culpabilité est induite
par les questions posées.
8 novembre : Enterrement solennel de Marc-Antoine, abusivement déclaré
catholique : ce qui contribue à écarter l'hypothèse du
suicide. Procession des Pénitents blancs, grande émotion dans
la ville.
18 novembre 1761 : Sentence des Capitouls affirmant la culpabilité des
accusés, Jean, Rose, Pierre Calas, Jeanne Viguière et Lavaisse.
Ceux-ci plaident leur innocence et font appel devant le Parlement de Toulouse.
9 mars 1762 : Le Parlement, sans faire comparaître les accusés
et jugeant d'après les éléments d'enquête des Capitouls,
disjoint cependant les cas des accusés et, après hésitation,
par huit voix sur treize, condamne au supplice le seul Jean Calas.
10 mars 1762 : Jean Calas est soumis à la question et est exécuté.
Il meurt roué, place Saint-Georges, en proclamant son innocence "avec
une fermeté inconcevable".
18 mars 1762 : Jugement des co-accusés. Pierre est banni pour la forme,
sa mère, Jeanne Viguière et Lavaisse sont acquittés.
1 mars 1763 : La requête des Calas est jugée admissible par le
bureau des cassations. La famille Calas est reçue à la Cour. La
veuve Calas, par la dignité douloureuse avec laquelle elle supplie Louis
XV d'intervenir auprès du Parlement de Toulouse, y fait grosse impression.
7 mars 1763 : le Conseil d'Etat, à l'unanimité et avec l'appui
du roi, ordonne au Parlement de Toulouse la communication de sa procédure.
Celui-ci ne s'y résoudra que fin juillet.
novembre 1763 : Publication anonyme (mais on se doute bien que Voltaire n'y
est pas pour rien) du Traité sur la Tolérance à l'occasion
de la mort de Jean Calas. Malgré son interdiction, l'ouvrage aura un
retentissement considérable.
4 juin 1764 : Sentence de cassation. Pour que le procès puisse être
rejugé, la famille Calas doit être à nouveau incarcérée.
Elle le sera de manière purement formelle à la Conciergerie.
? février 1765 : Le Capitoul David de Beaudrigue est destitué.
9 mars 1765 : Réhabilitation de Jean Calas à l'unanimité.