Pour lui donner une date et le protéger littérairement,
ce texte a été déposé en février 2004 à
la SACD
(Société des auteurs et compositeurs dramatiques).
Mais vous pouvez le copier et l'utiliser librement.
Seules les représentations publiques sont à déclarer.
LA VOCATION DE FRANÇOIS D'ASSISE
par Michel Fustier
(toutes les pièces de M.F. sur : http://theatre.enfant.free.fr )
- 1 –
L'HISTORIEN DE SERVICE - Nous sommes au treizième siècle, à
Rome. Un grand siècle pour la chrétienté: saint Louis,
roi de France, Richard Cœur de Lion en Angleterre, Frédéric
de Hohenstaufen comme empereur romain-germanique, les Croisades qui battent
leur plein, une Eglise riche et puissante qui, par la voix de Grégoire
VII, a déclaré le Pape véritable souverain du monde ("verus
Imperator"). Mais au milieu de cette richesse et de cette violence, de
timides voix s'élèvent qui voudraient revenir aux sources du christianisme
des pauvres et des humbles... Dont celle de François d'Assise qui, aujourd'hui,
en 1209, vient d'arriver à Rome pour tenter de voir le Pape Innocent
III et lui demander d'approuver le mode de vie qu'il a choisi... Mais le Pape
n'est pas très enthousiaste...
- 2 –
LE PAPE - En vérité, nous sommes fatigués de tous ces gens
qui veulent retrouver l'Evangile. Comme si nous l'avions perdu. Qui sont-ils?
LE SECRETAIRE - Quelques mendiants... L'Evêque d'Assise a insisté
pour que vous les receviez. Une douzaine de pauvres garçons!
LE PAPE - Douze, comme les Apôtres! J'ai une idée, faites-les revenir
pour le Jeudi saint. Je leur laverai les pieds... Ça tombe bien!
LE SECRETAIRE - Ce n'est pas ça qu'ils demandent...
LE PAPE - Ils nous ennuient! Nous qui sommes le maître du monde, qui faisons
et défaisons les rois... Et aujourd'hui même nous avons à
trancher la querelle entre Frédéric et Othon, qui se disputent
le Saint Empire! ...nous qui soutenons la croisade contre les infidèles
en Espagne... qui sommes très préoccupé par celle qui se
prépare en France contre les Cathares... nous donc, qui luttons sans
cesse pour maintenir en vie un misérable monde, qui menace de s'écrouler!
LE SECRETAIRE - Votre Sainteté... Pour faire plaisir à l'évêque
d'Assise!
LE PAPE - Bien, cela nous distraira. Donc, quelques mendiants? Que veulent-ils?
LE SECRETAIRE - Votre bénédiction, pour vivre de la manière
qu'ils ont choisie.
LE PAPE - Dites m'en plus. Mais soyez bref...
LE SECRETAIRE - Il s'agit d'un certain François Bernardone. Le fils d'un
gros marchand d'Assise. Un marchand de draps. Riche! Son fils donc... Jeunesse
dorée. Il fait la fête avec les jeunes gens de son espèce...
Très amoureux aussi des exploits militaires. Il s'engage même une
fois comme soldat contre Pérouse, mais il est fait prisonnier... Il reste
en prison un an. A son retour, au lieu de prendre gentiment la succession de
son père, qui n'attend que ça, il sombre dans la dévotion.
Il est tombé amoureux de "Dame Pauvreté". Quelle idée,
lui, le fils d'un riche marchand! En conséquence, il se brouille avec
son père. L'évêque les convoque tous les deux pour essayer
de les réconcilier. Et là, François, quelle tête
brûlée! rompt définitivement avec son passé, et jette
ses habits à la tête de son père... Il ne veut plus tenir
quoi que ce soit de lui. C'est la "Pauvreté" qui le tient.
Il s'en va tout nu ou presque et s'installe dans une hutte de roseaux aux abords
de la ville. Hiver comme été. Pour vivre, il mendie, il fait de
petits travaux aussi... Il prêche l'amour de Dieu. Malgré sa condition
misérable, il est joyeux, il rit toujours, il est plein de bonne humeur...
LE PAPE - Cela ne me dit rien qui vaille. Rire, dans cette vallée de
larmes, c'est déjà une impiété! Cela ne le soustraira
pas à la puanteur de la mort. Il est dangereux pour l'homme d'être
heureux.
LE SECRETAIRE - Certes, certes... Mais, pour le moment, ce François est
bien vivant et, chose curieuse, il doit avoir un bien grand pouvoir de séduction!
car il a été rejoint par quelques jeunes gens... des plus âgés
aussi. L'évêque, un peu énervé par ces énergumènes,
leur dit: "C'est bien, mais, pour prêcher comme vous le faites, vous,
les joyeux garçons, il vous faut la bénédiction de l'Eglise..."
Voilà! Ils viennent la chercher.
LE PAPE - Il me semble que tout ceci fleure l'hérésie.... Non,
je ne veux pas les voir tous les douze. Faites entrer ce seul François....
- 3 –
FRANÇOIS - Monseigneur le Pape... (il s'agenouille)
LE PAPE - Levez-vous et parlez... Mais nous connaissons déjà l'essentiel
de votre histoire. Maintenant que voulez-vous?
FRANÇOIS - Nous voulons vivre selon l'Evangile.
LE PAPE - Il y a beaucoup de choses dans l'Evangile... A prendre et à
laisser!
FRANÇOIS - Ce que nous en avons entendu, c'est: "Si tu veux être
parfait, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi."
LE PAPE - Vouloir être parfait, n'est-ce pas vraiment une tentation du
démon? Et donc: "Suis-moi." Pour aller où?
FRANÇOIS - Là où Notre Seigneur Jésus-Christ nous
mène... "Dans votre ceinture, ne glissez pas d'or ni d'argent, n'emportez
ni besace, ni vêtements de rechange, ni sandales, ni bâton..."
C'est comme cela que nous voulons vivre.
LE PAPE - Cela n'est pas conforme à la nature humaine, qui doit être
prévoyante!
FRANÇOIS - Cela est conforme à Jésus... "Si quelqu'un
veut venir à moi, s'il ne hait pas son père et sa mère,
sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs et jusqu'à
sa propre vie, il ne peut être mon disciple."
LE SECRETAIRE - En vérité, on ne peut lire l'Evangile sans discernement.
Il est dangereux de le mettre entre toutes les mains. Et même nos prédicateurs
devraient... faire attention à ce qu'ils disent. Voilà les conséquences!
FRANÇOIS - Et nous avons aussi entendu, pouvions ne pas l'entendre? "Si
quelqu'un frappe mes disciples sur une joue, qu'ils tendent l'autre, si quelqu'un
leur prend leur manteau qu'ils ne l'empêchent pas de prendre aussi leur
tunique."
LE SECRETAIRE - Nouvel exemple de ce que donne l'Ecriture quand elle est prise
dans son sens littéral par des simples d'esprit.
FRANÇOIS - Très Saint Père, ce qui est écrit est
écrit... Nous qui sommes les plus petits d'entre nos frères, nous
savons que nous ne sommes que des ignorants...
LE PAPE - Cela ne vous empêche pas de refuser d'entendre ce que l'on vous
dit et de vouloir faire les choses à votre façon. Vous n'avez
pas d'entendement, mais beaucoup de suffisance... L'orgueil vous perdra, mes
petits frères. Prenez garde que votre pauvreté ne soit un piège
d'enfer. Tout ceci, monseigneur, me rappelle... il y a vingt ou trente ans...
Comment s'appelait-il déjà, cet illuminé...?
LE SECRETAIRE - Vous voulez dire... si, Valdo?
LE PAPE - Oui, Pierre Valdo, ou Valdes, je ne me souviens pas.
LE SECRETAIRE - L'un et l'autre se sont dits. Oui, c'était à Lyon.
Un riche marchand lui aussi, qui avait vendu tous ses biens.
FRANÇOIS - Notre Seigneur le Pape peut donc voir que nous ne sommes pas
les seuls.
LE PAPE - Oui, des pauvres, eux aussi! La même folie. Et ils prêchaient.
Et ils disaient que l'Evangile... Ils avaient eu l'audace de faire traduire
l'Evangile dans leur langue. Ça s'est mal terminé, je crois?
LE SECRETAIRE - Oui. Les Vaudois ont été excommuniés. Mais
ils n'ont pas disparu.
LE PAPE - L'Eglise est empoisonnée par tous ces pauvres nigauds. François
d'Assise, tu vois ce que tu risques. Et vous êtes une douzaine, si j'ai
bien compris, et vous vivez dans des cabanes de roseau à ne pas faire
grand chose, et vous mendiez, et vous jeûnez, et vous priez la nuit.
FRANÇOIS - Oui, car il est dit: "Veillez et priez tout le temps."
LE PAPE - Assez de leçons! Non, je n'approuverai pas ton mode de vie.
Il ne convient pas à des hommes qui se respectent. La dignité
des fils de Dieu doit être défendue... Et quand je pense que tu
as osé te présenter devant le pape vêtu de haillons et avec
ta chevelure en désordre... Tu ressembles à un porcher! Non, tu
ne nous intéresses pas. Laisse-moi tranquille. Retourne à tes
pourceaux et fais-leur tes sermons.
FRANÇOIS - Monseigneur le Pape... (se retire)
LE SECRETAIRE - Vous l'avez renvoyé bien durement!
LE PAPE - Ces donneurs de leçons nous importunent.
LE SECRETAIRE - Votre Sainteté, si nous rejetons ainsi la demande de
ce pauvre, n'est-ce pas reconnaître que l'Evangile est impraticable, et
ainsi blasphémer le Christ, son auteur?
LE PAPE - Allons donc... Vous êtes bien impertinent vous aussi... Nous
y réfléchirons.
- 4 -
L'HISTORIEN DE SERVICE - Quelque jours après, François revint
devant le Pape....
LE SECRETAIRE - Votre Sainteté, il a suivi votre conseil et il a été
garder les pourceaux, et voici qu'il se présente à nouveau, tout
barbouillé de fumier...
FRANÇOIS - Monseigneur le Pape, maintenant que j'ai fait ce que vous
m'avez ordonné...
LE PAPE - Quelle puanteur... Tu offenses le Pape.
FRANÇOIS - Je ne peux pas offenser le Pape. J'ai simplement obéi
au Pape!
LE PAPE - Oui, mais avec quelle insolence... Et avec cette habitude qu'il a
de prendre les choses au pied de la lettre! Qu'on le lave, qu'on l'habille convenablement
et que de nouveau on nous le présente...
LE SECRETAIRE - Oui, Votre Sainteté....
FRANÇOIS – Seigneur Pape, vous me faites violence! (sort)
LE PAPE - En vérité, nous avons fait cette nuit un rêve
étrange...
LE SECRETAIRE - Un rêve étrange?
LE PAPE - Oui. La basilique du Latran... Elle était là, debout
dans le ciel, s'élevant de toute sa splendeur, symbole probablement de
la grandeur de l'Eglise... Et soudain, nous entendons un bruit obscur, comme
un tremblement de terre, et nous voyons la basilique qui fléchit et commence
à se disloquer. Survient alors un petit homme brun, vêtu d'une
robe de bure qui, étendant les bras aussi haut qu'il le peut, parvient
à redresser la basilique menacée. Or, ce petit homme brun ressemblait
singulièrement à notre gardien de pourceaux... Il faut parfois
croire aux songes! Si on a fini de le laver, qu'on le fasse revenir.
FRANÇOIS – (rentrant) Maintenant que j'ai fait ce qui m'a été
dit, je veux, Seigneur Pape, qu'à votre tour...
LE PAPE – Tu veux! Est-ce comme cela qu'on parle au Pape? Mais après
tout, cette simplicité ne nous déplaît pas. François
d'Assise, nous avons réfléchi. Peut-être as-tu raison, peut-être
faut-il, dans certaines circonstances et avec la prudence suffisante, prendre
l'Evangile au pied de la lettre. Que demandes-tu exactement?
FRANÇOIS - La permission, pour moi et mes compagnons, de vivre avec une
grande rigueur de pauvreté, à l'image de Jésus, qui n'avait
même pas une pierre où reposer la tête, et d'aller par les
campagnes et par les villes, prêcher l'Evangile...
LE PAPE - Croyez-vous en l'Eglise que Jésus a fondée? Fais attention
à ce que tu vas me répondre...
FRANÇOIS - Nous croyons en elle.
LE PAPE - Respectez-vous tous les sacrements qu'elle a institués, reconnaissez-vous
les prêtres et religieux comme vos guides naturels?
FRANÇOIS - Nous les respectons et nous les reconnaissons.
LE PAPE - Et voulez-vous rester avec dévotion les membres obéissants
de cette Eglise? Ne te dérobe pas!
FRANÇOIS – Oui, nous le voulons. Malgré tout ce que nous
avons vu dans Rome, le luxe, l'orgueil, la violence qui nous ont scandalisés,
nous le voulons. La sainte messe nous rattache malgré tout aux prêtres
qui ont pouvoir de la dire.
LE PAPE - Il y a tant d'hérétiques pour le moment, qui pour des
raisons extravagantes... Et tous, sous le prétexte de retourner à
l'Evangile... Même ici, en Italie, ils fourmillent. Nous en avons brûlé
quelques-uns, mais je ne saurais trop craindre, de proche en proche, que la
contagion... Tu dois comprendre que je me méfie!
FRANÇOIS - Je comprends... Et si vous nous permettez de faire ce que
nous vous demandons, il faudra nous surveiller nous-mêmes de près,
de peur que nous ne fassions un faux-pas. Vous êtes si plein de soupçons...
LE PAPE – Hélas... Mais enfin, malgré nos soupçons
et pour des raisons qui ne regardent que nous, que cela soit dit, nous vous
autorisons, du bout des lèvres, à vivre pauvrement. Vous prêcherez
la résignation aux petites gens. Attention, la résignation seulement.
Ils en ont bien besoin. L'évêque d'Assise vous surveillera. Et
si le Seigneur vous accorde vraiment sa grâce, et si vous trouvez d'autres
jeunes gens assez fous pour partager votre genre de vie, revenez nous voir dans
quelques années et nous vous donnerons peut-être de plus grandes
missions.
- 5 –
L'HISTORIEN DE SERVICE – Et, songeur, François s'en retourna avec
ses frères. Et quand ils furent dans la vallée de Spolète,
il leur dit: "En vérité, quand je vois l'opulence et les
turpitudes des Romains, plutôt que de prêcher la résignation
aux pauvres, j'ai envie de m'adresser aux corbeaux et aux oiseaux de proie que
je vois voler dans le ciel et de leur dire, comme l'ange de l'Apocalypse: "Rassemblez-vous
au grand banquet de Dieu, mangez la chair des rois, la chair des tribuns, la
chair des glorieux, la chair des chevaux et des chevaliers, la chair des hommes
libres et des esclaves, la chair des petits et des grands." Car Rome est
devenue comme la grande Babylone. Et ils se réfugièrent dans leur
pauvreté!
RAPPEL HISTORIQUE
François Bernardone, connu sous le nom de François d'Assise,
naquit en 1186 et mourut en 1226. Il est le fondateur de l'ordre des Moines
franciscains, ou plus exactement des Frères mineurs, qui ont mis la pauvreté
et la prédication au centre de leur spiritualité... Il fut canonisé
en 1228. Les prédications qu'il avait faites un peu partout, les miracles
qui sont dits les avoir accompagnées et surtout sa volonté de
retrouver l'Evangile dans toute sa pureté lui valurent une immense renommée
et firent ensuite de lui un personnage majeur de l'Eglise catholique.
La vie de saint François n'est pas très bien connue... En 1257,
le moine Bonaventure, fut élu ministre général de l'Ordre
des Franciscains et en 1266, pour apaiser les querelles qui agitaient l'Ordre,
il ordonna la destruction de tous les documents antérieurs qui concernaient
saint François, en particulier les écrits de Thomas de Celano,
au profit d'une vie que lui-même, Bonaventure, venait d'écrire.
Vie tendancieuse et fantaisiste, dit Jacques Le Goff ! Ainsi beaucoup de documents
authentiques (qu'ils soient historiques ou légendaires) disparurent...
Ce qui n'empêcha pas certains témoignages de réapparaître
par la suite et beaucoup d'autres écrits de venir également contribuer
à la légende franciscaine. Plus d'un siècle après
sa mort un auteur anonyme écrivit les Fioretti, ou Petites Fleurs, qui
sont le récit très touchant et parfois un peu délirant,
de ce que la légende, à travers les siècles, nous a transmis.
(A noter que des opérations du même type -établissement
d'une vérité officielle- marquent l'histoire des Evangiles, dont
le texte définitif fut, semble-t-il fixé ou au moins diffusé
par l'évêque Eusèbe au temps de Constantin, c'est à
dire au début du quatrième siècle; l'histoire aussi du
Coran dont le calife Uthman, 15 ans après la mort du prophète,
fit détruire tous les versions antérieures avant d'imposer la
sienne, et l'histoire des premiers livres de la Bible – le Pentateuque
– qui n'auraient été définitivement rédigés
qu'en -700, c'est-à-dire quelque cinq cents ans après un Exode
qui reste lui-même historiquement hypothétique...)
Lorsque donc le Pape lui eut donné l'autorisation verbale de vivre pauvrement
avec ses frères (1210), il fut rejoint pas un très grand nombre
d'adeptes qu'il installa ici et là en Italie, et même à
l'étranger. Ils vivaient comme ils pouvaient et s'en allaient prêcher
dans les campagnes et surtout dans les villes. Ils furent bientôt si nombreux
qu'il se posa des problèmes de gouvernement qui dépassèrent
le pauvre François... Certains frères (les spirituels) poussaient
dans le sens de la pénitence et de la pauvreté, d'autres voulaient
vivre une vie moins austère et plus régulière: d’où
des disputes et des scissions dans l'Ordre. Une nouvelle règle écrite
lui fut donnée en 1223, mais rapidement, François, qui détestait
l'exercice de l'autorité, passa la main et se mit en retrait. L'Ordre
qu'il avait fondé se fragmenta dans les années qui suivirent en
plusieurs obédiences, dont certaines eurent des problèmes avec
les autorités ecclésiastiques. Quant à François,
il finit sa vie dans la solitude sur le mont Arverne où il est dit avoir
reçu les "stigmates", c'est-à-dire, sur ses mains, sur
ses pieds et dans son flanc, des plaies identiques aux blessures de Jésus
crucifié.
Très préoccupé des relations de la chrétienté
avec l'islam (les Croisades battaient leur plein!), François tenta trois
fois de rentrer en contact avec les "infidèles". Il n'y réussit
qu'une seule fois, lorsqu'il rejoignit en Egypte la cinquième croisade,
qui avait mis le siège et piétinait devant la ville de Damiette.
Il s'avança, seul avec un de ses frères, devant le camp des Sarrazins,
fut reçu courtoisement par le sultan et pendant plusieurs jours tenta
de lui faire entendre la parole de Jésus... Mais sans succès!
Il était un opposant décidé de l'usage de la force contre
les incroyants.
Innocent III fut, lui, un Pape politique, rigoureux et dominateur (la théocratie
pontificale). Mais paradoxalement, avant de se déclarer le "verus
imperator" et de mener une politique efficace de pouvoir parmi les princes,
il avait écrit un traité sur la Misère de la Condition
Humaine (De Miseria Conditionis Humanae) où il faisait une description
désespérante du sort que la Providence avait réservé
aux créatures, dans cette vie et dans l'autre...